Photo de bouteilles de vins sur des étagères

Investir dans le vin : quelle fiscalité envisager ?

Sommaire

Le vin constitue un placement de niche, plutôt destiné à des investisseurs connaisseurs du marché. Avec de multiples formules possibles, investir dans le vin permet de diversifier vos placements financiers pour préparer votre avenir, voire défiscaliser. Mais tous les investissements sur le marché du vin en France n’offrent pas la même fiscalité et les mêmes règles d’imposition.

Ooinvestir vous aide à faire le point pour déterminer l’impact fiscal de votre investissement dans le vin. 

Peut-on défiscaliser avec un placement dans le vin ?

Investir dans les vins vous donne l’occasion de défiscaliser, uniquement si vous choisissez certains types de placements. Sinon, l’objectif sera essentiellement de s’orienter vers un placement qui vous permet de diversifier votre patrimoine.

L’investissement dans un groupement foncier viticole (GFV)

Avec ce dispositif, vous achetez des parts d’un domaine viticole et en devenez copropriétaire, au même titre que les autres investisseurs. L’exploitation est confiée à viticulteur qui peut exercer sa profession en limitant l’investissement de départ.

Les rendements sont modérés (de l’ordre de 2 à 3 % par an) avec le GFV. Toutefois, c’est l’unique solution qui  permet de défiscaliser avec un investissement dans le vin.

C’est le 1er avantage de cet investissement dans les domaines viticoles : si, comme pour un bien immobilier, votre placement dans un GFV entre dans l’assiette de calcul de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), vous pouvez être exonéré à hauteur de 75 %, dans la limite de 101 897 €, et de 50 % pour un montant supérieur.

L’aspect fiscal de cet investissement dans le vin est également intéressant au moment d’aborder la succession et la donation. Une exonération de 75 % de la valeur des parts transmises est accordée jusqu’à une valeur 300 000 €. Elle est de 50 % au-delà. Il faut pour cela respecter quelques conditions :

  • 2 ans de détention au minimum ;
  • un bail de 18 ans au moins au profit de l’exploitant ;
  • les héritiers et donataires doivent conserver les parts au moins 5 ans.

Exemple :

Vous transmettez des parts dans une GFV à votre enfant à hauteur de 100 000 €. Les frais de succession ne s’appliquent que sur 25 % de ce montant, soit 25 000 €. Il paiera donc des frais de succession à hauteur de 20 % de ce montant, soit 5 000 €.

L’achat de grands crus en primeur

Cet investissement dans le vin consiste à acheter des vins avant qu’ils ne soient mis en bouteille. Autant le dire tout de suite : il n’y a pas de possibilité de défiscalisation. Acheter des grands crus en primeur permet simplement de réaliser une plus-value à la revente. Si vous achetez les bonnes bouteilles, la rentabilité à terme pourra être très intéressante.

L’investissement dans une cave patrimoniale

Vous achetez des vins que vous confiez à un professionnel qui va assurer le stockage et la vente des bouteilles de vin. Il s’agit d’un placement qui ne propose aucun avantage fiscal. De plus, vous devez régler des frais de gestion. En revanche, vous êtes accompagné par des professionnels du vin : leur connaissance constitue un vrai plus pour augmenter la rentabilité de votre investissement.

L’épargne dotée de grands crus

Avec cet investissement, vous n’êtes pas propriétaire de vos bouteilles. Il s’agit d’un placement d’argent dans un produit financier lié au vin, de type fonds commun de placement (FCP). Une fois de plus, il n’existe pas d’opportunité de défiscalisation avec ce type de placement, ce n’est pas la solution à envisager si vous souhaitez réduire votre imposition.

Seul l’investissement dans un groupement foncier viticole (GFV) est intéressant sur le plan fiscal. S’il ne permet pas de réduire vos impôts, il n’impacte pas l’IFI et permet de mieux transmettre votre patrimoine.

Quelle imposition pour un investissement dans le vin ?

La défiscalisation n’est généralement pas l’élément déclencheur d’un investissement dans le vin, excepté pour les GFV. Pour ne pas alourdir votre imposition, il est important de songer à l’impact de votre investissement sur celle-ci, en fonction du revenu généré. 

L’achat de grands crus en primeur et l’investissement dans une cave patrimoniale

Que vous choisissiez d’investir dans le vin seul ou avec des groupements de professionnels gestionnaires de votre cave, la règle en matière d’imposition reste la même.

Vous n’êtes soumis ni à l’impôt sur le revenu, ni aux prélèvements sociaux tant que chaque cession n’excède pas 5 000 € (plusieurs cessions peuvent être effectuées chaque année). En clair, si vous souhaitez revendre des bouteilles, assurez-vous de ne pas tout vendre en une seule fois !

Pour une cession d’un montant supérieur, l’imposition sera assez lourde. La plus-value réalisée sera alors imposée au titre des prélèvements sociaux et de l’impôt sur le revenu. À noter que la durée de détention impacte le montant de votre imposition.

Exemple :

Vous vendez des bouteilles de vin pour un prix de 10 000 €. Vous les aviez achetées 5 000 €. Vous réalisez donc une plus-value de 5 000 €, qui sera taxée à 17,2 % au titre des prélèvements sociaux.

Si vous avez conservé vos bouteilles durant 5 ans, l’impôt sur le revenu s’élèvera à 16,2 %. Pour une conservation durant 20 ans, le taux d’imposition ne sera plus que de 1,9 %.

Dans le 1er cas, vous paierez : (5 000 × 17,2 %) + (5 000 × 16,2 %) = 1 670 €.

Dans le 2nd cas, vous paierez : (5 000 × 17,2 %) + (5 000 × 1,9 %) = 955 €.

Vous pouvez être exonéré de cette taxe au bout de 22 ans.

L’investissement dans un groupement foncier viticole

Dans le cadre d’un investissement dans un GFV, au même titre que pour un investissement immobilier, vous percevez des ressources qui sont considérées comme des revenus fonciers. Vous devez donc les déclarer et régler vos impôts chaque année.

Si vos revenus n’excèdent pas 15 000 €, vous pouvez choisir le régime micro-foncier et bénéficier d’un abattement automatique de 30 %. Dans le cas contraire, vous serez au régime réel et pourrez déduire toutes vos charges (par exemple, les intérêts pour les parts achetées à crédit).

Pour cet investissement dans le vin, vous êtes aussi taxé sur les plus-values au moment de revendre vos parts. Le régime des plus-values immobilières s’applique ici, avec un abattement de 6 % par an de la 6e à la 21e année et de 4 % la 22e année de détention de vos parts. Au-delà vous êtes totalement exonéré. Des prélèvements sociaux s’appliquent également à hauteur de 17,2 %. Il faut attendre cette fois 30 ans de détention pour être exonéré.

Pour une cession de parts inférieure à 15 000 €, l’impôt sur les plus-values ne s’applique pas.

L’épargne dotée de grands crus

Il s’agit ici de placer votre argent dans le vin en investissant dans un produit financier lié au vin. En clair, vous n’êtes pas réellement propriétaire des bouteilles que vous achetez. Cela n’impacte pas votre imposition immédiate. Une exonération d’impôt sur le revenu des produits distribués par le fonds est appliquée si vous remplissez les conditions suivantes :

  • votre domicile fiscal est situé en France ;
  • le fonds est investi a minima à hauteur de 50 % en titres de sociétés non cotées ;
  • vous conservez vos parts pendant 5 ans ;
  • les sommes sont immédiatement réinvesties dans le fonds et restent indisponibles durant 4 ans ;
  • vous ne détenez pas plus de 25 % des droits dans les bénéfices des sociétés dans lesquels vous investissez.

D’autre part, les plus-values lorsque vous cédez des parts ne sont pas taxées, pour toute détention de vos parts supérieure à 5 ans. 

  1. Investir dans le vin ne permet pas une défiscalisation importante. Seul l’investissement dans un groupement foncier viticole (GFV) permet d’optimiser votre succession.
  2. Pour l’IFI, vous pouvez être exonéré partiellement pour votre investissement dans le vin en investissant dans un GFV. Cette exonération peut atteindre 75 %.
  3. Si vous investissez dans le vin, vous avez tout intérêt à conserver le plus possible vos bouteilles ou vos parts afin de bénéficier d’une réduction de la taxe sur les plus-values, voire d’être exonéré.